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Cela fait plusieurs mois que j’enchaîne les petits boulots et que je fais profil bas...
J'étais membre d'une unité qui n'avait aucune existence officielle et dont on nierait l'existence en cas de problème. Des problèmes on en a eu pas mal, mais pas comme ce jour là !

J'ai beau me repasser les dernières minutes de notre dernière opération dans la tête, encore et encore, rien n'y fait. Je ne comprends toujours pas pourquoi, ni même comment cela a pu déraper.


Tout était betonné, comme toujours. 
On est parti en mission, le plan d'approche était simple.

Le groupe alpha, un trio mené par Hawk devait se poser et infiltrer la structure. 
En retrait, le groupe bravo que je commandais devait attendre à couvert et atterrir sur ordre uniquement. 
Mais l'ordre d’atterrir ne vint jamais. A l'inverse, on a reçu l'ordre de dégager. Je n'ai jamais laissé un frère d'armes derrière moi et je n'allais pas commencer. 


Je ne fus pas surpris par la réaction du reste de mon groupe quand j'ai fait part de ma décision de ne pas mettre les voiles.

Mort au combat

John "BlackJack" Knight

First Light - Pedro Camacho
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Nous étions à couvert, bien planqués au raz d'un astéroïde et rompant le silence, nous nous sommes précipités vers la station pour constater avec amertume que l'on nous attendait.

Quelque chose avait dérapé, une fuite peut être ... Un coup monté … J'en sais trop rien et pourtant j'ai cherché.

J'ai fait ce que je pouvais. Mon ailier nous avait rejoint le mois dernier, il était bon pilote, mais cela n'a pas suffi. Il a poussé son Gladius à la limite et en a perdu le contrôle avant de se faire descendre, sans avoir eu le temps de s'éjecter. 
Quant au Vanguard que nous escortions et qui était censé débarquer un petit groupe de marines pour l'assaut de la structure. Il a bien tenu le coup … pour un temps du moins. J'en ai descendu quatre, le Vanguard a eu le temps d’éliminer deux assaillants avant d'exploser. Faut dire qu'ils avaient mis le paquet, le Vanguard était leur cible principale, ça me rendait la tâche plus facile, mais je n'en aurai que brièvement tiré avantage.

 

Mon vaisseau était en mauvais état. Mon plan consistait à atterrir pour tenter de retrouver le groupe alpha. Après tout, j'avais peu de chance de rentrer avec mon chasseur dans cet état et il était pour moi hors de question de m'éjecter ici. Autant tenter le coup !

 

Je gardais les yeux bien ouverts en me dirigeant vers la station.Je me suis servi du transpondeur du "Black Hawk", le Freelancer utilisé par le groupe alpha pour me diriger et atterrir à côté.

A peine au sol, Hawk repris contact, me disant être cerné et m'ordonnant encore une fois de dégager.

Il insista en mentionnant qu'il n'y aurait plus personne à sauver. Seul survivant, Hawk tenait une pièce dans un couloir en cul de sac, mais les munitions allaient bientôt manquer et il ne comptait pas se laisser prendre.


Pour mon mentor la fin était toute proche. Il s'était battu la majeure partie de sa vie et allait mourir en guerrier qui était selon lui, la plus belle façon de mourir pour un soldat. Je dûs me résigner et me résoudre à l'abandonner. Une fois une charge explosive placée sous mon gladius, je pris le Black Hawk, son vaisseau personnel pour sauver ma peau. 

 

Je suis le seul survivant et je ne sais toujours pas ce qui s'est passé. Je ne le saurai probablement jamais. 
Me voilà aujourd'hui, un peu plus de six mois plus tard, devant ces portes sans trop savoir ce qui m'attend à l'intérieur.

 

Le courtier m'a dit de lui faire confiance, que c'était sans danger et que tout était prévu. Mais la confiance ça se mérite... 

Quoi qu'il en soit, je n'ai pas vraiment le choix. Il faut que je passe ces portes pour savoir et peut-être que cela m'indiquera la voie à suivre.

Le courtier de L'ombre

Après quelques minutes de repos bien mérité et quelques gorgées de ce whisky local pas dégueux, mais loin d'égaler les whiskys dont j'avais l'habitude à bord du Black Hawk, mon attention fut attirée par l'arrivée d'un homme à l'apparence singulière. 

Mesurant environ un mètre nonante, très mince et des yeux très clairs, ce drôle de personnage s’avançait vers le bar à petits pas. Il portait un costume gris élégant, mais plus du tout à la mode, sans parlé du fait qu'il n'était pas du tout en accord avec le décor. 


L'homme s'arrêta net après quelques pas, il me dévisageait et j'eus alors une désagréable sensation comme des picotements dans la nuque.

Mes sens étaient en éveil et je venais de poser ma main sur la crosse de mon flingue. 

L'ivrogne du bar se retourna vers moi et semblait sobre finalement.

Le barman, lui, avait disparu. Quant aux personnes dans mon dos, c'était le même scénario. 

Visiblement j'étais attendu, ou surveillé. On ne m'avait donc pas posé de lapin. Il ne fallait pas être spécialement futé pour comprendre que l'on m'avait attiré ici sous le faux prétexte d'un job et j'étais pile où l'on voulait que je sois. 

 

Encerclé, j'avais peu de chance de tirer mon épingle du jeu. Cela ne dura qu'un instant, mais cela me parut bien long. D'instinct, j'analysais toutes les possibilités, mais aucune d'elles ne débouchaient sur moi sortant de ce bar indemne. Comme pour couper court à ma réflexion, l'homme s’avança vers moi et entama le dialogue:

"- Bonjour monsieur Knight, dit l'homme au costume en s'assayant face à moi.

- Il y a erreur sur la personne cher monsieur, Répondis-je.

 

- Non non mon cher, pas d'erreur. Voyez-vous dans ma profession, l'erreur est à proscrire, elle pourrait me coûter la vie. Nous avons cela en commun, monsieur Knight"
 

L'homme avait un accent que je ne pouvais déterminer, c'est étrange, mais je trouvais que cet accent collait bien avec le personnage et sa syntaxe était parfaite.
Son visage fin, finement rasé, arborait un léger sourire que je qualifierais de commercial. Le genre pas réellement sincère de quelqu'un qui cherche à vous vendre quelque chose d'indispensable, mais qu'au final vous n'aviez pas besoin.

 

 

J'avais conscience qu'il était là pour moi, mais je n'avais aucune idée de ce qu'il me voulait exactement. C'était limite flippant, même pour moi et un peu à court d'idées, je me suis décidé à tenter quelque chose.

 

Parfois l'option la plus simple est la plus efficace des solutions. J'ai tenté ma chance. Je me suis levé, en affirmant ne pas connaître de monsieur Knight et je lui ai souhaité une bonne journée.

Imperturbable, l'homme reprit la conversation :

- Je viens de la part d'un ami commun... Alan Rogers et je suis certain que ce nom vous dit quelque chose, dit-il en me fixant, pour voir ma réaction sans aucun doute


- Je ne sais pas qui vous êtes où ce que vous me voulez, mais j'aurais largement le temps de vous descendre avant que vos sbires ne dégainent.

Bien sûr que je connais Alan Rogers, ou plutôt que je le connaissais. Hawk était mon mentor, je le connaissais depuis tout petit, mais il est mort. Comment aurait-il pu envoyer cet homme et pour quelle raison ?
 

-Monsieur Knight, vous me plaisez. Direct, comme votre mentor... Comme énoncé précédemment, je ne fais pas d'erreur et quelle erreur que de m’asseoir face à un homme de votre trempe si c'est pour lui faire du mal. Non non, je ne vous veux aucun mal, si j'avais voulu vous tuer, vous conviendrez que mes hommes auraient pu le faire dès votre arrivée. De plus, si j'ai plaisir à converser, je ne le fais qu'en de rares occasions et souvent dans le cas de mon travail si particulier.
 

- Un point pour vous... Vous êtes qui à la fin et vous me voulez quoi ?
 

- Mon nom n'a aucune importance, j'en change souvent. Quant à ce que je vous veux, rien, j'ai quelque chose pour vous. L'homme me tend alors une petite mallette à verrouillage biométrique : 

- Que contient-elle ? demandai-je à l'homme sombre.

- Votre nouvelle vie. Voyez vous, Alan Rogers et moi, nous nous connaissons depuis longtemps. Il est à l'origine de ma reconversion dans cette activité et je lui dois la vie. Alors bien entendu, lorsque mon activité est devenue très lucrative, j'ai voulu payer ma dette, mais il a refusé. Je lui ai alors proposé ma formule tout confort pour le cas où il lui arriverait quelque chose"

 

Quelques jours plus tôt ...

J'avais fait quelques jobs dans différents secteurs. J'étais crevé et l'intermédiaire de mon dernier boulot m'avait posé un lapin. Cette planète n'avait que peu d'intérêt. Autre fois présentée comme possible lieu de prospection à grand potentiel, la planète s'était très rapidement révélée stérile à tout point de vue et fut vite oubliée. Comme je jouais la carte de la discrétion, elle me semblait propice à un repos de quelques heures, voir même un jour ou deux.


Je me suis donc dirigé vers le seul bar du seul avant poste encore peuplé sur ce caillou. L'endroit n'était pas miteux comme on aurait pu le croire. Non, il était relativement bien entretenu. 

En rentrant, je me suis dirigé vers le bar où seuls se trouvaient le barman et un poivrot trop occupé à discuter avec sa pinte pour remarquer ma présence. 

J'ai toujours eu l'habitude de me taper dans le fond, dos à un mur avec un champ de vision dégagé vers l'entrée du bar.
Je ne sais pas pourquoi mais c'est précisément ce jour là que j'ai changé pour la première fois mes habitudes.
Mon verre en main, je me suis dirigé vers une banquette non loin du bar et bien que je me sois mis face à l'entrée, je ne m'étais pas trop enfoncé dans la salle.
J'avais tout de même pris soin de jeter un coup d’œil derrière moi. Il y avait deux mecs bourrés sur la piste et un couple qui se tenait gentillement les mains, penchés l'un vers l'autre.
Pas de quoi s'inquiéter en somme.

 

Je venais de comprendre. L'homme en face de moi était celui que l'on nomme "le Courtier".  Une légende urbaine cet homme, du moins je le pensais.


Il m'expliqua qu'il avait eu connaissance de la mort de Hawk. Son contrat d'assurance vie auprès de lui stipulait deux engagements. La fille unique de Hawk serait protégée à distance sans intrusion dans sa vie et elle recevrait des dépots d'argent réguliers. Elle ne vivrait pas dans l'opulence, mais serait à l'abri jusqu'à la fin de ses jours.


Le second engagement concernait les membres de son unité, nous. Hawk avait demandé au Courtier de nous retrouver et de me remettre la mallette et son contenu. A défaut, de la remettre au plus gradé des survivants. Dans le cas présent, grade ou pas, étant le seul en vie, j'en étais le seul bénéficiaire.

L'homme se leva en me souriant et me souhaita une vie longue et prospère.

J'avais l'héritage de mon mentor et ami, entre les mains.

Orphelin, il était pour moi ce qui se rapproche le plus d'un père. Bien qu'il m'ait trouvé et éduqué alors que je n'étais encore qu'un gamin, il m'a toujours traité comme l'un de ses soldats, je n'avais pas de traitement de faveur. Il pouvait se montrer dur, mais faisait en sorte de rester juste en toute circonstance, m'inculquant certains valeurs qui ont fait de moi l'homme que je suis aujourd'hui.

Il avait pensé à tout. Protéger ses hommes était sa priorité de son vivant et il le faisait toujours, même dans la mort.

 

Le courtier et son groupe quittèrent les lieux silencieusement et aucun d'eux ne se retourna. 

Quelques minutes plus tard, le barman revint au bar comme si de rien n'était.
 

La mallette comportait plusieurs verrous biométriques que j'étais visiblement le seul à pouvoir déverrouiller. C'était intriguant vu que j'étais l'un des destinataires possibles, cela voulait dire que le courtier détenait quelque part, toutes mes données et il voulait sans doute que j'en sois conscient.

 

Je l'ai ouverte sur place, elle contenait trois choses importantes. Un titre de propriété, l'emplacement de celle-ci et une toute nouvelle identité, celle de John Knight, ce qui me fit sourire. Quel drôle de type ...


En conclusion, je n'aurais plus à me cacher et ce titre de propriété allait certainement me permettre de reprendre un nouveau départ, encore, mais peut-être avec plus de facilités.


Je sortis du bar pour reprendre mon Aurora et quitter la planète. Je m'étais débarrassé du Black Hawk à prix modique et je n'avais pas pu me payer mieux.


Le contenu me mena sur une certaine planète devant une certaine porte blindée que j'hésitais encore à ouvrir.

La liste

De bonnes surprises m'attendaient à l'intérieur. J'étais loin de me douter et pourtant c'est logique, nous avions récupéré quelques vaisseaux lors de nos missions. Je n'allais pas faire le détail, mais il y avait un peu de tout. La pièce maîtresse, un croiseur Carrack. 

On l'avait récupéré il y a quelques temps dans un secteur hostile. On avait eu du bol sur ce coup là et Hawk l'avait fait récupérer et retaper.

Il est prêt pour le départ.

Dans ces hangars, l'ordinateur central tient compte de tout ce qui rentre et ce qui sort. Le mieux était d'aller y jeter un oeil. Il y avait l'inventaire complet des vaisseaux et équipements ainsi qu' un dossier constitué par Hawk. 

 

Le dossier attira mon attention.

Hawk avait tout prévu. 

J'y ai trouvé les détails concernant son "petit" héritage et les instructions à suivre au cas où il faudrait remonter une équipe et qu'il ne serait pas là pour le faire.
 

Le dossier contenait une liste de noms et un lien vers le dossier personnel de chacun d'eux. Mon vieux mentor avait repris nos contacts, anciens partenaires, partenaires potentiels et autres candidats possibles qui correspondaient au profil.


En dehors de la liste, l'autre point qui capta mon attention était le fichier reprenant les finances de notre unité. Hawk était prudent et il avait placé des fonds un peu partout. 

J'avais tout en main pour transférer ces fonds vers le compte de mon choix.

Carlos "Martillo" Ramirez

Je ne pense pas qu'il ait pensé au cas présent, je veux dire à la situation dans laquelle je me trouve, ou peut-être que si ... Résumons ... Nous sommes sans aucun doute tombés dans une embuscade, mais il m'est impossible de m'en assurer. Du coup, je peux soit reprendre contact avec l'U.E.E., dévoiler ma nouvelle identité et voir s'ils veulent me tuer et là je me retrouve sans aucun plan de secours ou assistance d'aucune sorte ou alors, je prends le pognon et les vaisseaux et je change de vie.

Mais pour faire quoi ...

D'un autre côté, je pourrais peut être créer ma propre organisation.

Après tout, j'ai des fonds, un dossier clean, la citoyenneté, des vaisseaux ... Ouais, çà me tente bien. J'ai toujours voulu faire de l'exploration, peut être découvrir une nouvelle planète... Mais je suis mercenaire, je n'ai connu que le combat et je suis plutôt doué là dedans. une PMC çà pourrait le faire.

Bon j'ai mon objectif !

Je vais prendre mon temps. Ouvrir un compte, rapatrier l'argent, sélectionner les vaisseaux à vendre et à garder. Puis bien entendu, il va me falloir une équipe. Avant le recrutement externe, je vais me pencher sur la liste de Hawk. Il y a là quelques noms que je connais et qui colle parfaitement avec le job.

L'administration de l'UEE est relativement lente ces temps-ci, mais nous sommes le 30 décembre 2944 et je viens de recevoir la confirmation des autorités.

La Space Rangers Alliance est officiellement affiliée à l'Empire en tant qu'organisation paramilitaire.

Ca c'est fait ... Mais je suis toujours seul. Le temps est venu pour moi de lancer le recrutement. 

Pub The Edge, Sherman, Castra 2 ...


Je n'étais venu qu'une seule fois sur Castra 2, ce fut un passage éclair, je ne suis resté que quelques heures.


Sherman devait être une sacrée position stratégique à l'époque.

Maintenant, cela ressemble un peu à une vieille ville fortifiée.

Relativement impressionnant, cela dit, de part ses vieux bâtiments militaires.

J'avais pu vérifier l'exactitude des informations concernant Ramirez. Cela faisait quelques années que nous ne nous étions pas vus. Carlos est un soldat impressionnant, dans tous les sens du terme. J'ai toujours pensé qu'il resterait à jamais fidèle aux marines, mais il avait été approché récemment par plusieurs organisations de sécurité privée et de ce que j'avais pu en apprendre, il était actuellement en pleine réflexion pour rejoindre l'une d'elle.


Je n'ai donc aucune idée concernant sa décision ou ses motivations et j'arrive peut-être trop tard.

Dans le pire des cas, je boirai un coup avec un vieux camarade !
Maintenant que j'y pense, il me doit un verre le "Martillo".

Ce surnom m'a toujours fait sourire. Ramirez n'est pas très grand, mais bien bâti. Il a toujours su se servir de ses poings et son surnom "marteau" en espagnol, vient sans aucun doute de là, je n'ai jamais demandé. C'était un sacré boxeur dans le temps en tout cas!

J'étais au Edge et il devait être midi environ, si je me base sur le nombre grandissant de personnes venant prendre place pour manger un morceau.
Ce pub était très fréquenté et il est surtout l'arrêt incontournable pour tout soldat de passage.


Martillo faisait partie d'une unité spéciale des marines. Je ne savais pas pourquoi ils étaient sur Castra, mais je savais qu'ils s'y trouvaient, c'était déjà çà.
Je tentais donc ma chance ici et j'étais vissé sur cette chaise depuis au moins deux heures lorsque, lors d'un moment d’inattention ...

"BlackJack ! Ca alors, ca fait une sacrée paie mano !" ... Il venait d'entrer avec un sourire jusqu'aux oreilles. Cet homme est toujours jovial, c'est déconcertant.

Il fit signe au barman de nous apporter deux bières et s'installa face à moi.

 

Nous avons entamé les banalités d'usage genre "çà va ? quoi de neuf ?, ..." .

Après quoi, je me suis décidé à lui expliquer la raison de ma visite. Je n'avais pas vu Ramirez depuis un bail c'est vrai, mais Je lui faisais assez confiance pour lui expliquer tout dans les grandes lignes.

Bien entendu, il fut surpris et attristé en même temps. Il connaissait plusieurs de mes équipiers et Hawk bien entendu.

 

En tout cas, de son côté c'était mûrement réfléchi, il voulait quitter les marines et turbiner pour une boite privée quelques années pour se faire une belle retraite. 

On a discuté un certains temps de sa possible reconversion et descendu quelques chopes en parlant du passé. Je compris assez rapidement, que l'idée de venir bosser avec moi ne l'emballait pas trop.

 

Il n'avait pas envie de monter dans une nouvelle boite qui actuellement n'avait pas grand chose à lui offrir, mais d'un autre côté il se sentait redevable envers moi. Une "dette de vie", qu'il disait. 

Je lui ai sauvé la vie deux fois, il n'avait jamais pu s'acquitter de sa dette et aujourd'hui il me rejoindrait pour l'honorer ?

Non, ce n'était absolument pas l'idée ! 

Ramirez était en permission et nous avons encore discuté longuement. Il a un peu tourné autour du pot faut dire, mais je suis rapidement passé à autre chose. Je voulais le recruter, mais pas au point de foutre ses projets en l'air.

J'ai quitté le Edge en début de soirée, je ne marchais plus fort droit et j'avais hâte de retourner dans mon vaisseau pour piquer un roupillon. 

Après ma sieste, je suis reparti, convaincu que je ne reverrais sans doute jamais Ramirez, mais deux jours plus tard il reprit contact.

 

Il avait trouvé un compromis entre son désir de liberté et son envie de régler sa dette. 

Carlos ne voulait pas intégrer les space rangers, du moins pas en tant que tel. Par contre, il me proposa ses services en échange d'une rémunération correcte et d'un peu de temps libre pour vaquer à ses occupations, lesquelles ne regarderaient que lui.

Il est clair que cela nous serait réciproquement profitable. Je n'ai pas dû y réfléchir longtemps, j'ai accepté, mais concernant ses affaires, je lui ai rappelé le code de l'organisation, afin qu'il reste dans la légalité. Pour le poste, j'avais pensé à quelque chose dans le genre que j'avais bâptisé "auxiliaire", un ranger non officiel qui travaillerait de façon ponctuelle. Bref, Je n'avais pas recruté un space ranger supplémentaire , cependant je venais de m'offrir les services de l'un des meilleurs fantassin de l'U.E.E.


Pour moi, c'était bien loin d'être un échec !

William "Horus" Steele

Je ne connaissais pas le prochain sur la liste.

Ce nom m'avait frappé dès ma première lecture et il était logique de le trouver dans les recommandations de la liste : William Steele, fils de Benson Steele, le défunt commandant de "mon" Carrack, lors de sa dernière mission officielle.


Le dossier du jeune homme était relativement élogieux.

Mon vieux mentor devait l'avoir à l'oeil depuis un certain temps.

Il est affecté à la seconde flotte à sa demande dès la sortie de l'académie, mais prend un congé sans solde pour motif personnel peu de temps après.

Que s'est-il passé ? Cela a surement un rapport avec son père, mais la date de prise d'effet de son congé ne correspond pas au moment de la "disparition" de son père.

Nous verrons ... Je ne vais pas me casser la tête maintenant.

Le jeune Steele travaille dans un petit resto, ce n'est pas le grand luxe, mais ce n'est pas miteux non plus. En rentrant je tombe face à un homme âgé aux cheveux gris et au visage pâle arborant une petite moustache:


- "On est fermé monsieur! s'écrie l'homme.

- Dommage, j'aurais bien pris un café
- Bah revenez demain m'sieur
- Je cherche quelqu'un
- On en est tous là, dit-il en s’arrêtant de frotter la table et en me regardant fixement.
- Restez calme, c'est une visite amicale. Je m’appelle Knight. Je gère une société de sécurité et on m'a recommandé un jeune pilote qui travaillerait ici, d'où ma présence. 
- Sécurité hein ... Vous êtes mercenaire ? Vous en avez la tête, mais vous êtes peut-être chasseur de prime.
- Pour être honnête cela m'arrive, mais je ne suis pas là pour cela. Pouvez-vous me dire, sil vous plait, si William est encore ici et dans la négative, l'endroit où je pourrais le trouver.
- Vous avez une bonne tête m'sieur. Le p'tit est derrière, il fait la plonge, faudra l'attendre.
- J'ai une meilleure proposition, je vous file un peu d'argent et vous allez me le chercher directement.

Le vieil homme s'en alla chercher William en cuisine et le jeune homme, se présenta à moi une arme à la main et pris un siège en silence.
Un grand gaillard, plus grand et plus large que moi, à la peau noir, le crâne rasé et le regard assuré :


- Que puis-je pour vous ? Ca doit être important pour que le vieux veuille faire la vaisselle
- Oh... Rien à voir, la vaisselle c'est parce que je lui ai filé quelques crédits pour vous remplacer
- C'est sans doute cher payé pour les quelques couverts qu'il me restait à nettoyer
- Vous n'êtes pas facile à trouver William
- C'est parce que je ne m'attendais pas à ce qu'on me recherche... et que je ne voulais pas qu'on me trouve surtout. 
- A vous entendre, il semblerait que vous ayez des ennuis.
- Cessez de jouer, si vous avez quelque chose à dire, c'est le moment.

- Vous pourriez baisser votre flingue, ça me rend nerveux.

- Ca va dépendre de ce que vous avez à dire.
- Parfait ! Je viens vous proposer un boulot, j'ai besoin d'un pilote
- Un boulot ? Un pilote ? Sérieux ? Bon bah je vais cherchez mes affaires patron ! Repris le jeune homme.
- Vous ne me croyez pas ?
- Disons que je suis dans une situation compliquée et un mec qui me propose un boulot, là ou je me planque ...
- C'est pour cette situation compliquée que vous avez quitté la NAVY ? Vous étiez pourtant promis à un bel avenir
- Comment pouvez-vous le savoir. Vous êtes qui bordel !?
- John Knight, fondateur de la Space Rangers Alliance et comme je viens de le dire, je cherche un pilote
- Pas intéressé !
- Je comprends, tu aimes ton boulot et ses perspectives d'avenir...
- Y a rien de mal ou de déshonorant à faire la plonge !
- On est d'accord, mais dans ton cas, c'est gaspiller ton talent. T'es né pour manier le manche. Je ne sais pas pourquoi t'as quitté l'UEE et je ne sais pas qui tu as aux fesses, mais en venant avec moi, tu n'auras plus de soucis d'aucune sorte et tu pourras piloter de jolis vaisseaux flambant neufs dans une organisation s'articulant autour d'objectifs nobles et justes
- Sympa le message de recrutement, ça vous vient comme ça ou c'est un speech travaillé ?
- Ecoute, tu fais comme tu veux, si tu préfères rester ici çà ne me dérange pas, j'irai voir ailleurs
- Bah ouais y a qu'à faire çà, la galaxie fourmille de bons pilotes qui n'attendent que vous
- J'en doute pas fils, mais si t'es la moitié de l'homme qu'était ton père, c'est toi qu'il me faut...
- Vous connaissiez mon père ?
- Non ... J'ai lu son dossier et nous avons eu le même mentor.
- Rogers ?
- Là c'est moi qui m’interroge ...

- Vous savez quoi sur ce qui est arrivé à mon père ?
- Si tu me dis de quoi t'as peur et pourquoi t'as quitté la NAVY, je te dirai ce que je sais.

- C'est moi qui ait le flingue.

- Oh que non. Primo t'as laissé le cran de sureté, je le vois bien. T'es pas un tueur. De mon côté, j'ai eu le temps de discrètement sortir mon pistolet et de le pointer sous la table et moi des gens, j'en ai tué pas mal fils, alors ce coup-ci, c'est pas une demande, tu baisses ton arme et tu t'expliques.
- Bon ... d'accord ... Ca ne vous regarde pas, mais toutes mes autres tentatives pour trouver des réponses ont échoué alors ... Voilà toute l'histoire ...

Steele me raconta tout.


A la suite de la disparition de son père, il tenta d'obtenir des réponses. On finit par lui dire que son père était porté disparu à la suite d'une mission classée top secret. Non content de cette réponse, William a continué à poser des questions et a fini par fâcher pas mal de monde.

Ses supérieurs l'ont lâché et un beau jour vinrent les menaces à peine voilées. Il décida donc de prendre un congé pour continuer son enquête de son côté et loin de l'UEE.
 

Bien évidement, il n'eut pas plus de résultat et devint "légèrement" parano. 

Je parvins à le rassurer et à mon tour je pris la peine de lui expliquer tout ce que je savais sur l'opération et les derniers instants de son père. Il sembla tour à tour triste, soulagé et fier.


Avant de partir avec moi, William vida la chambre que le vieil homme lui avait gracieusement fourni et le remercia, embêté de le laisser comme cela.
Bien entendu, je mis la main au portefeuille pour lui filer des UEC pour compenser sa perte direct, mais l'homme refusa et me remercia pour Will.

William semblait emballé par son nouveau boulot et de mon côté, j'étais heureux d'avoir un pilote de cette trempe pour remplacer Ramirez qui, il faut le dire, n'est pas un pilote très doué.

Nous quittâmes la planète, quant à moi, j'allais continuer ma liste.

Epilogue: Le Point de Vue du Marteau

 

 

 

Carlo Ramirez, 12 octobre 2945

 

On y passe tous un jour. Généralement, on ne choisit pas quand on crève, mais certains d'entre nous peuvent choisir comment. 

C'est la raison pour laquelle je me suis engagé.

Je ne voulais pas voir du pays, ce n'était pas être citoyen, non m'sieur, moi je voulais me battre point barre.
Je suis doué, mais je me fais vieux, pour mon taf du moins. Des gars avec qui j'ai "fait mes classes", nous ne sommes plus beaucoup à être en vie et la plupart se sont reconvertis dans le civil. Ca paie mieux. Et puis je pense qu'on finit par trop en voir et que pour pas finir à l’asile, faut pouvoir décrocher.

Quand je disais que certains peuvent choisir comment passer l'arme à gauche, pour autant qu'on utilise encore cette expression, je voulais parler du fait qu'un soldat a clairement choisi de mourir au combat. Chez les marines, c'est ce qui nous attend tôt ou tard. Quoi que ... Ouais, c'est vrai que ça dépend déjà de la flotte à laquelle on appartient. 


Dans la seconde flotte on a pas le temps de se les rouler. Un marine de la seconde flotte casse du vanduul, rien à voir avec des pirates. Les hommes c'est une chose, mais le vanduul ... Ca c'est du challenge. Beaucoup de mecs s'engagent et visent la deuxième flotte pour première affectation. Y a trois types de marines qui déboulent dans la deuxième. 

 

Numéro un, le fan. Le fan, c'est le mec qui est tellement impressionné par l'amiral qu'il postule pour sa flotte en étant persuadé qu'on va mettre une branlée aux vanduuls et que tout se passera bien. Numéro un est un rêveur, il déchante vite.

Numéro deux, la tête brulée. Pour certains, je dirais plutôt "cerveau passé au mixeur". Le mec est chaud boulette, il va casser la baraque, tout défoncer et se bouffer du vanduul par paquet de douze. Puis vient le moment où il est face aux vanduuls et là il se rend compte que la bébête est plus grande, plus moche, mais surtout plus balèze que lui. Numéro deux pose un problème une fois sur deux quand il rencontre pour la première fois l'ennemi. J'en ai même eu un qui s'est chié dessus, c'est dire.

 

Enfin, numéro trois ... A l'instar des deux autres, numéro trois n'est pas demandeur, il arrive comme un cheveu dans la soupe, ou presque. Numéro trois n'a pas postulé, il a été affecté d'office. En fonction de ses résultats, parfois, ou parce qu'on en a besoin, ça varie.

En règle générale, numéro trois n'a pas de préférence, il est là pour faire son devoir ou alors il est conscient de la menace vanduul et des statistiques ... Bah oui, c'est dans la seconde flotte que le marine vit le moins longtemps. On a généralement moins de soucis avec ces gars là. 

 

Enfin bref. Je ne sais plus où je voulais en venir ... Ah, si ! On y passe tous un jour où l'autre. Je ne suis pas pressé, mais là, je commence à avoir dur mentalement. On a perdu pas mal de frères lors de la défense de Vega 2. Je suis doué et j'ai toujours eu de la chance. Je m'en sors généralement sans trop de casse, mais j'en ai marre d'honorer nos morts et de mettre autant d'hommes courageux dans des caisses. Je suis un guerrier et c'est paradoxale parce que maintenant que nous sommes "officiellement" en guerre, je pense à me retirer. Peut-être parce que mes priorités ont changés, mais peut-être simplement qu'il est temps pour moi de passer à autre chose. 

J'ai mis assez de côté pour me prendre un vaisseau d'occase, j'aime assez bien le Cutlass je dois dire. Me mettre à mon compte me semble une bonne reconversion.


Je ne vois pas quoi rajouter... Si, peut-être que le fait d'écrire ces mots comme une lycéenne prouve que je dois changer d'air. Ce n'est peut être pas une bonne idée, mais dans le cas où je ne serais plus là pour te le raconter, ce journal te permettra peut-être de comprendre qui était ton père.

 

En ces temps incertains comme je le disais, mes priorités ont changé. Je dois prendre soin de ma famille.


 

Carlos Ramirez, 13 octobre 2945

 

Le hasard fait bien les choses...

Alors que je cogitais dans un bar avec une bière à ce que je pourrais bien faire si je quittais les marines, un mec est venu me trouver. Ce bon vieux John.

Des années qu'on ne s'était pas vu. Je ne vais pas tourner autour du pot, il m'a proposé un boulot. Il s'est reconverti dans le civil et mes compétences lui seraient très utiles a t'il dit.

Le soucis, c'est que je ne pense pas que je vais accepter.

C'est vrai quoi ! Si je tourne le dos aux marines ce n'est pas pour aller joueur au soldat pour un autre. Mais c'est vrai que c'est tout ce que je sais faire et bosser avec un ami, ça pourrait me plaire. Faut voir, faut que j'y réfléchisse.

 


Carlos Ramirez, 15 octobre 2945

 

J'ai remis ma démission ce matin et j'ai contacté John pour lui dire que je prends le boulot. 

J'avais une condition c'est qu'il me laisse du temps pour que je puisse faire autre chose et il n'y voit pas d’inconvénient.

Donc je bosserai pour lui et je ferai le freelance de sorte que je puisse m'occuper de vous deux.

 

 

A SUIVRE ...
 

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